Bukavu : La crise humanitaire paralysant le secteur du sable d’Idjwi, des milliers d’emplois menacés
Face à la crise humanitaire persistante exacerbée par le conflit armé, l’association regroupant les armateurs, transporteurs et fournisseurs de matériaux de construction, notamment de sable extrait du lac Kivu, a pris la décision difficile de suspendre temporairement ses activités pour une durée de trente jours. Cette mesure drastique, qui impacte directement l’approvisionnement en sable de la région, a été justifiée par le président de l’association, Olivier Mayanga, par un manque criant de clients en cette période de crise humanitaire.
Le sable, essentiel pour le secteur de la construction, provient principalement du territoire d’Idjwi et représente une source de revenus vitale pour des milliers de jeunes de cette île. Dans une interview accordée au journaliste professionnel Josué Musole, M. Mayanga a expliqué que les acheteurs de sable se font de plus en plus rares en raison de la précarité financière généralisée, conséquence directe du contexte de guerre.
Un facteur aggravant souligné par le président est le mode opératoire des transactions, basé sur le paiement en espèces. Dans un environnement où la circulation de la monnaie est fortement réduite, où les banques et les coopératives d’épargne et de crédit sont souvent fermées, et où les chantiers sont à l’arrêt, la vente de sable se retrouve de facto bloquée. D’importantes quantités de sable sont actuellement stockées au beach Muhanzi, faute d’acquéreurs.
À cette situation déjà complexe s’ajoutent l’instabilité des taux de change sur le marché, rendant les transactions encore plus incertaines pour les acteurs du secteur. Les armateurs et transporteurs se retrouvent ainsi pris au piège, incapables de poursuivre leurs activités dans ces conditions économiques délétères.
Face à cette paralysie, l’association a pris la décision de suspendre temporairement son travail, tout en proposant des pistes de solutions pour une reprise rapide. Olivier Mayanga suggère notamment une réduction des taxes sur les ventes de matériaux de construction afin de stimuler la demande. Il plaide également pour la réouverture des banques et des institutions financières, sous des conditions de sécurité renforcées, afin de faciliter les transactions et relancer l’activité économique.
La suspension de ces activités a des conséquences directes sur l’emploi de milliers de jeunes qui dépendent de l’exploitation et du transport du sable pour subvenir aux besoins de leurs familles. Leur situation devient particulièrement préoccupante en cette période de crise humanitaire.
Ce bulletin quotidien d’information humanitaire est diffusé sur Radio Gorilla FM et est réalisé par le consortium RATECO-REMEL avec l’appui de la Benevolencija Grands Lacs, mettant en lumière les défis socio-économiques engendrés par la crise dans la région.
- La rédaction