Kalonge : La loi sur les Pygmées, une lettre morte ?
La loi portant protection et promotion des droits des peuples autochtones pygmées, adoptée en 2022, peine à se concrétiser sur le terrain. C’est ce qu’affirme Ntakobajira Kulimushi Pascal, un leader pygmée de Kalonge.
Lors d’une tentative d’enregistrement gratuit d’un mariage, comme le prévoit l’article 13 de cette loi, un conflit a failli éclater entre des membres de la communauté pygmée et le préposé de l’état civil. Ce dernier, ignorant ou refusant d’appliquer la loi, exigeait le paiement des frais habituels.
« Les membres des deux familles s’étaient appuyés sur la loi pour demander l’enregistrement gratuit de leur mariage, mais le préposé a refusé, invoquant l’absence de directives », explique Ntakobajira Kulimushi Pascal.
Cet incident n’est malheureusement pas isolé. Le leader pygmée souligne que de nombreuses autres dispositions de la loi, comme l’accès gratuit à l’éducation pour les enfants pygmées (article 22), ne sont pas appliquées.
Selon lui, il y a des obstacles persistants. Les raisons de cette situation sont multiples. Les autorités locales et les populations, y compris les Pygmées eux-mêmes, ne sont pas suffisamment informées des droits qui leur sont reconnus par la loi.
Certaines personnes, habituées aux pratiques anciennes, peuvent être réticentes à appliquer une nouvelle loi qui remet en cause leurs habitudes.
Les administrations locales ne disposent pas toujours des moyens nécessaires pour mettre en œuvre cette loi.
Ces difficultés à appliquer la loi ont des conséquences directes sur la vie des Pygmées, qui continuent d’être marginalisés et exclus. Leur accès aux services sociaux de base reste limité, et leurs droits fondamentaux sont souvent bafoués.
Pour que la loi portant protection des Pygmées ne soit pas qu’un vœu pieux, il est urgent de renforcer la sensibilisation. Il faut informer les populations, les autorités locales et les agents de l’État sur le contenu de la loi et les droits qu’elle confère aux Pygmées.
Les agents de l’état civil, les enseignants et les travailleurs sociaux doivent être formés à l’application de cette loi. Il est nécessaire de doter les administrations locales des moyens nécessaires pour mettre en œuvre les dispositions de la loi. Il faut mettre en place des mécanismes pour évaluer l’application de la loi et identifier les obstacles à surmonter.
La protection des droits des Pygmées est un enjeu de justice sociale et de développement durable. Il est essentiel de veiller à ce que la loi adoptée en 2022 soit effectivement appliquée et que les Pygmées puissent enfin jouir pleinement de leurs droits.
- Prosper Safari